Lors d’un grand acte massif et de longue haleine qui a réuni plusieurs
centaines de personnes à Santiago, le collectif de soutien à Ricardo
Palma Salamanca et
Silvia Brzovic a lancé sa campagne
de solidarité avec les anciens résistants assignés à résidence à Paris.
L’activité, qui a débuté à midi par un repas payant et a
proposé aussi des animations et des spectacles pour les enfants, s’est déroulé
le samedi 17 mars dernier dans un quartier ouvrier proche du centre-ville. Divers
ensembles de musique populaire et folklorique, des poètes, des chanteurs et des
artistes très aimés du public se sont succédé sur scène tout au long de l’après-midi.
Près de 300 repas ont été vendus avant la rupture de stock et des estimations
modestes signalent pas moins de 500 personnes ayant participé à la fête, qui
s’est prolongé jusqu’à minuit.
Plusieurs activistes chiliens des droits de l'homme, des
juristes et des permanents des ONG locales sont venus aussi soutenir publiquement
la demande d’asile politique en France pour les anciens résistants, ainsi
que des personnalités emblématiques du combat contre la dictature militaire.
Parmi eux, Mme Alicia Lira, présidente de l'AFEP,
l’association des familles d'exécutés et des disparus ; Mme Carmen Soria,
la fille du diplomate espagnol Carmelo Soria, assassiné par la police secrète
de Pinochet ; la Commission FUNA —le collectif qui se charge de démasquer
les criminels militaires qui vivent cachés—, et des responsables associatifs, ainsi
qu’un grand nombre d'anciens prisonniers politiques de la dictature de
Pinochet.
De différentes manières et par des gestes symboliques, d’autres
acteurs de la vie sociale chilienne ont manifesté leur soutien, comme les éditions
« Ceibo », la maison d’éditions qui publie des textes de témoignage et
dénonciation autour de l’histoire récente du Chili. Également, le peintre muraliste
Alejandro Mono González, un des fondateurs de la mythique brigade muraliste « Ramona Parra » a fait don d’une œuvre qui a été l’un des lots de la grande
tombola organisée pour l’occasion.
Andrea Palma, la sœur de Ricardo, elle-même victime de
la répression, comme toute sa famille, a adressé un émouvant message de
remerciement au nom des siens, et un appel à multiplier les manifestations de
solidarité.
Organisée très rapidement par un efficace réseau de
bénévoles, en dehors des circuits partisans et institutionnels, cette
manifestation participe du grand élan de solidarité citoyenne, spontanée, qui s’est
levé très vite autour de la demande d’asile politique pour Ricardo Palma et sa
femme Silvia Brzovic.
En Europe, plusieurs collectifs se sont aussi constitués
du jour au lendemain en février, à l’annonce de l’arrestation de Ricardo et Silvia, et des actions de soutien ont été reportées à Paris, à Bruxelles, en Espagne, en Suisse
et à Hambourg. L’appel à soutien pour la demande d’asile en France, lancé en
ligne sur le site américain « Change.org » a dépassé en quelques
semaines les 3000 signataires et les adhésions continuent.
« France Amérique latine » a émis une
déclaration conjointe à Paris avec l’Association d’anciens prisonniers politiques, sollicitant formellement le gouvernement français pour qu’il accorde le refuge
politique aux persécutés. Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées sur l’esplanade
des Droits de l’homme à Trocadéro le 11 mars dernier, le jour même du
changement du gouvernement au Chili, pour manifester leur solidarité avec les Palma-Brzovic.
Dans l’attente d’une décision judiciaire sur l’extradition des anciens
résistants vers le Chili —prévue pour le 28 mars—, un réseau informel se reconstitue un peu partout, autour d’une
cause humanitaire touchant aux droits de l’homme. Composée de jeunes sympathisants,
d’anciens militants et des proches des milieux latino-américains, cette frange garde,
comme les activistes au Chili, son caractère spontané et une totale indépendance
des appareils politiques traditionnels. Elle porte haute la revendication des luttes
contre la dictature et le sort des anciens combattants, question délicate
pourtant évacuée des débats et de la pratique de la gauche parlementaire, mais qui
reste très présente chez les gens, au cœur des familles et d'un peuple profondément
déçu par ses politiques.