À un quart de siècle du retour de la démocratie,
les parlementaires chiliens ont adopté la reforme d’un mode électoral unique au
monde et presque irréformable. Le dictateur Augusto Pinochet avait montré une
vision ambitieuse du futur, faisant approuver en 1980 un système électoral
taillé à sa mesure et très largement favorable à la droite chilienne une fois
rétablie la démocratie.
Dans le système binominal imposé par Pinochet et consacré par la charte rédigée sous la dictature —approuvée en conditions iniques et sous l'état d'urgence—, lors des élections sénatoriales et législatives, chaque circonscription désignait deux élus. Mais la formation arrivée en tête ne décrochait les deux sièges qu’à condition de dépasser 66 % des voix. Ainsi, une liste ayant 60 % des voix avait autant d’élus que celle en ayant 30 %.
Ce système a permis à la droite chilienne, héritière politique de la dictature, d’obtenir au retour de la démocratie et des « élections libres » un nombre d’élus bien supérieur à son poids réel dans l’électorat chilien. Et d’empêcher ainsi la coalition de centre gauche au pouvoir d’impulser de nombreux changements.
Cette réforme, qui doit encore être validée par la cour suprême après plainte de la droite, est historique pour le Chili. Selon des déclarations du député social-démocrate Pepe Auth à l’issue du vote, « un des piliers fondamentaux de la dictature militaire et de ses idéologues est tombé aujourd’hui ».
Dans le système binominal imposé par Pinochet et consacré par la charte rédigée sous la dictature —approuvée en conditions iniques et sous l'état d'urgence—, lors des élections sénatoriales et législatives, chaque circonscription désignait deux élus. Mais la formation arrivée en tête ne décrochait les deux sièges qu’à condition de dépasser 66 % des voix. Ainsi, une liste ayant 60 % des voix avait autant d’élus que celle en ayant 30 %.
Ce système a permis à la droite chilienne, héritière politique de la dictature, d’obtenir au retour de la démocratie et des « élections libres » un nombre d’élus bien supérieur à son poids réel dans l’électorat chilien. Et d’empêcher ainsi la coalition de centre gauche au pouvoir d’impulser de nombreux changements.
Cette réforme, qui doit encore être validée par la cour suprême après plainte de la droite, est historique pour le Chili. Selon des déclarations du député social-démocrate Pepe Auth à l’issue du vote, « un des piliers fondamentaux de la dictature militaire et de ses idéologues est tombé aujourd’hui ».
Le texte stipule aussi qu’au moins 40 % des
candidats doivent être des femmes, et s’inscrit dans un ensemble de réformes
lancées par la présidente Michelle Bachelet, revenue au pouvoir en mars 2014 en
portant des engagements apparemment plus audacieux que lors de son premier
mandat.
Pendant sa campagne la candidate socialiste avait assuré
être à l’écoute d’une société civile mobilisée ces
dernières années sur plusieurs fronts (en faveur d'une éducation nationale, gratuite et de qualité, pour la défense de
l’environnement, etc.). Pour financer cette politique coûteuse, elle a fait
adopter dès l’an passé une importante réforme fiscale, qui a notamment alourdi
la fiscalité sur les entreprises.
L’ancien mode électoral a permis à la droite de bloquer
pendant plus de deux décennies nombre de réformes démocratiques, notamment dans
le domaine de l’éducation. Pour beaucoup, cette capacité d’obstruction explique
les difficultés du Chili à lutter contre ses très fortes inégalités.
Par ailleurs, le passage à la proportionnelle devrait
apporter de l’air frais dans la vie politique chilienne, en permettant une
représentation plus large de la société chilienne. La semaine dernière, lors de
l’approbation de la loi par le Sénat, Michelle Bachelet avait affirmé que le
nouveau système « permettra l’échange de davantage d’idées au Parlement ».
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1. José Zara Holger, ancien officier supérieur de l’armée de terre chilienne, membre de l’état major de la police secrète de Pinochet, la DINA, et numéro 2 de son appareil extérieur. Il a été condamné pour le double meurtre du général Carlos Prats et de sa femme à Buenos Aires en 1974, et il est aussi impliqué dans d’autres atrocités et assassinats d’opposants. Il a été jugé en 2010 à Paris et condamné par contumace pour l’arrestation, tortures et disparition de citoyens français.
2. Jaime Guzmán Errázuriz, avocat, professeur et homme politique de la Droite nationale au Chili, membre éminent de l’ « Opus dei » local, considéré l'idéologue du régime de Pinochet. Proche de la fondation en 1971 du « Front nationaliste patrie et liberté » —groupuscule paramilitaire d'ultra droite surgi pour œuvrer à la déstabilisation du gouvernement socialiste de Salvador Allende—, Jaime Guzmán a été dès 1973 et jusqu’en 1979 conseiller politique du général Pinochet, notamment un des organisateurs et le rédacteur du discours du rassemblement civique-militaire de « Chacarillas », en juillet 1977. Manifestation bigarrée au sommet d’une colline éclairée aux flambeaux, paré d’étendards et chants martiaux, ce rassemblement nocturne empli de symboles manifestement néo-fascistes demeure l’un des actes fondateurs de la dictature.
Vers la fin des années 70, Guzmán aurait été affaibli par des luttes de pouvoir au sein de la dictature, s’attirant notamment le courroux du puissant colonel Manuel Contreras, l’ancien patron de la DINA, dont il a critiqué la féroce répression d’opposants, nuisible à l’image extérieure du régime. Contreras aurait réussi à faire taire ses critiques en menaçant de révéler au grand jour l’homosexualité de Jaime Guzmán.
Jaime Guzmán a été sollicité par le dictateur pour intégrer la commission Ortúzar, chargée en 1980 de rédiger une nouvelle constitution politique. Conçue entre quatre murs et sous état de siège, taillée à la mesure du dictateur, cette charte fondamentale croupion régit toujours la vie politique du Chili, et Jaime Guzmán en a été le principal inspirateur et rédacteur.
Guzmán a fondé en 1983 l’Udi, l'Union démocrate indépendante, parti conservateur constitué d’anciens de la droite nationaliste, fidèle à Pinochet et héritier politique de la dictature militaire. Depuis 1989 et jusqu’à sa mort en 1991, Jaime Guzmán a été élu sénateur pour son parti avec une votation très faible, grâce au système binominal prévu par « sa » Constitution de 1980. Soutien politique permanent et solide, Guzmán a été aussi le principal théoricien et véritable idéologue de la dictature militaire, et un symbole de la droite ultra-catholique chilienne. Jaime Guzmán a été tué en 1991 par des militants d’extrême gauche.
2. Jaime Guzmán Errázuriz, avocat, professeur et homme politique de la Droite nationale au Chili, membre éminent de l’ « Opus dei » local, considéré l'idéologue du régime de Pinochet. Proche de la fondation en 1971 du « Front nationaliste patrie et liberté » —groupuscule paramilitaire d'ultra droite surgi pour œuvrer à la déstabilisation du gouvernement socialiste de Salvador Allende—, Jaime Guzmán a été dès 1973 et jusqu’en 1979 conseiller politique du général Pinochet, notamment un des organisateurs et le rédacteur du discours du rassemblement civique-militaire de « Chacarillas », en juillet 1977. Manifestation bigarrée au sommet d’une colline éclairée aux flambeaux, paré d’étendards et chants martiaux, ce rassemblement nocturne empli de symboles manifestement néo-fascistes demeure l’un des actes fondateurs de la dictature.
Vers la fin des années 70, Guzmán aurait été affaibli par des luttes de pouvoir au sein de la dictature, s’attirant notamment le courroux du puissant colonel Manuel Contreras, l’ancien patron de la DINA, dont il a critiqué la féroce répression d’opposants, nuisible à l’image extérieure du régime. Contreras aurait réussi à faire taire ses critiques en menaçant de révéler au grand jour l’homosexualité de Jaime Guzmán.
Jaime Guzmán a été sollicité par le dictateur pour intégrer la commission Ortúzar, chargée en 1980 de rédiger une nouvelle constitution politique. Conçue entre quatre murs et sous état de siège, taillée à la mesure du dictateur, cette charte fondamentale croupion régit toujours la vie politique du Chili, et Jaime Guzmán en a été le principal inspirateur et rédacteur.
Guzmán a fondé en 1983 l’Udi, l'Union démocrate indépendante, parti conservateur constitué d’anciens de la droite nationaliste, fidèle à Pinochet et héritier politique de la dictature militaire. Depuis 1989 et jusqu’à sa mort en 1991, Jaime Guzmán a été élu sénateur pour son parti avec une votation très faible, grâce au système binominal prévu par « sa » Constitution de 1980. Soutien politique permanent et solide, Guzmán a été aussi le principal théoricien et véritable idéologue de la dictature militaire, et un symbole de la droite ultra-catholique chilienne. Jaime Guzmán a été tué en 1991 par des militants d’extrême gauche.