La présidente chilienne Mme Michelle Bachelet était à Paris le 8 juin dernier, dans le cadre de sa tournée européenne qui l’a conduite en
Italie, puis en France et qui s'est poursuivi en Belgique. Un entretien
avec le président français M. François Hollande a eu lieu lundi 8 juin à 19 h. suivi
de signatures d’accords commerciaux bilatéraux, et un diner officiel en
l’honneur de Mme Michelle Bachelet a été donné à l’Elysée.
Le pape François reçoit au Vatican en audience privée la
présidente du Chili Mme Michelle Bachelet, le 5 juin 2015.
Photo Alberto Pizzoli, EFE – Pool.
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Au Chili, pays de tradition catholique où l’église garde une
énorme influence et un œil sourcilleux sur l’évolution des mœurs, ce
rapprochement est d’une grande importance. Le pape François devrait se rendre
aussi au Chili en 2016, pour une visite de trois jours qui pourrait inclure la
région de l’Araucanie, territoire en conflit entre le peuple originaire du sud
du Chili, les Mapuche, et les compagnies forestières qui exploitent leurs
terres ancestrales, polluent les rivières et dévastent les forêts.
Pour les Affaires extérieures chiliennes, cette tournée visait
à renforcer le dialogue et les relations politiques entre le Chili et l’Europe,
mais surtout à relancer les négociations économiques et les échanges commerciaux.
Ainsi, lors du passage à Paris de la présidente du Chili, le Medef —la
puissante organisation des patrons d’industries et d’entreprises
françaises—, organisait un forum d’affaires franco-chiliennes, en partenariat
avec le Centre chilien des investissements étrangers.
Pour la présidente chilienne ce voyage était une parenthèse salutaire,
car elle traversait à Santiago une séquence plutôt défavorable. Début mai, elle
avait dû procéder à un remaniement ministériel, forcée par les soupçons de
corruption pesant sur quelques ministres et notamment l’affaire de trafic
d’influence qui a éclaboussé son propre fils et proche collaborateur.
En chute libre dans les sondages, critiquée par des mesures
politiques impopulaires et des reformes économiques qui tendent à la
privatisation des ressources, Mme Bachelet doit aussi faire face à la
contestation des professeurs, descendus par milliers dans la rue pour rejeter
un nouvel statut enseignant considéré injuste et nuisible.
À Paris, Mme Bachelet avait été informée que son nouveau secrétaire
général de la Présidence, M.Jorge Insunza, était aussi soupçonné de conflits
d'intérêt, pour des prestations de conseil à des entreprises minières
privées alors qu’il était député et membre de la commission minière du
Parlement.
M.Jorge Insunza, qui avait prêté serment le 11 mai dernier,
a démissionné de son poste par téléphone le dimanche 7 juin. Il a été 28
jours au poste de secrétaire général de la Présidence, et il devenu un symbole
évident de l’imbrication étroite et inéluctable entre l’administration et les
puissants intérêts privés, détenus par les groupes financiers et les familles
qui contrôlent l’économie du Chili.
Lors d’une cérémonie le 8 juin, Mme Bachelet a reçu les
insignes de Docteur Honoris Causa par l’université Sorbonne nouvelle. En Belgique,
elle a participé au sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté
des États Latino- américains et de la Caraïbe (Celac) et de l’Union européenne
à Bruxelles.