La jeune Ramona
Parra en 1945. Aide comptable et étudiante
le soir, elle
avait un grand engagement militant.
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Il y a 70 ans est morte à Santiago Ramona Parra Alarcón, active
syndicaliste et membre du comité de propagande de la Jeunesse communiste du
Chili. La jeune militante de 19 ans a été tuée par la police le 28 janvier
1946, lors d’un meeting de soutien aux mineurs du salpêtre.
Au début de 1946, des mineurs de « Mapocho » et « Humberstone »
—des exploitations du salpêtre du Nord du Chili—, se sont mis en grève pour
dénoncer les graves abus de la direction. Le gouvernement intérimaire d'Alfredo
Duhalde a violemment réprimé le mouvement et a mis les organisations syndicales
hors la loi.
La Confédération des Travailleurs du Chili (Ctch) a alors appelé à manifester le 28 janvier à la Place Bulnes de Santiago, en solidarité avec les travailleurs des salpêtrières. Environ 20 mil personnes se sont rassemblées en début de soirée sur la place, près du palais du gouvernement et face au ministère de la défense.
La Confédération des Travailleurs du Chili (Ctch) a alors appelé à manifester le 28 janvier à la Place Bulnes de Santiago, en solidarité avec les travailleurs des salpêtrières. Environ 20 mil personnes se sont rassemblées en début de soirée sur la place, près du palais du gouvernement et face au ministère de la défense.
La police à pied et à cheval, qui avait l’ordre de
circonscrire le rassemblement aux limites de la place, a bloqué l’accès au
centre ville, puis débordée par la multitude a commencé à frapper les
manifestants à coups de sabre et de matraques.
Des affrontements ont alors
éclaté, la police a tiré sur la foule et a fait 26 victimes. Le gouvernement a imposé peu après la censure et n'a reconnu que cinq morts. La jeune Ramona
Parra, qui participait à la manifestation avec sa mère a reçu une balle dans la tête et elle est morte aux urgences un quart
d’heure après.
Couverture de « Ramona », hebdomadaire pour
les jeunes
au Chili entre 1971 et 1973. Dirigé par
Carlos Berger Guralnik, jeune journaliste et
avocat communiste,
tué en
octobre 1973 lors de
la 1ère campagne d’extermination
de la dictature.
Ramona, Santiago, décembre 1972.
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Ramona est ainsi devenue la première martyre de la Jeunesse communiste chilienne, qu’elle avait rejoint avec ses sœurs Flor et Olga le 15 janvier 1944. En hommage à la jeune militante tombée, lors de son sixième congrès national tenu en 1968, la jeunesse communiste du Chili a crée les « Brigades de propagande Ramona Parra », les BRP, collectif de jeunes peintres qui a essaimé tout au long du pays, très célèbre pour sa propagande politique et pionnier du street-art.
Le magazine hebdomadaire produit par la Jeunesse communiste à
l’adresse des jeunes, paru entre 1971 et 1973 a porté aussi le nom de « Ramona »,
en souvenir de la militante tuée en janvier 1946. Le poète Pablo Neruda —prix
Nobel de littérature en 1971 et ancien ambassadeur du Chili en
France—, a composé des vers en hommage à Ramona Parra, et le célèbre chanteur Víctor Jara a dédié en 1970 une chanson aux
brigadistes de la BRP, qui prolongent par leur travail artistique sur les murs
des villes le souvenir et l’engagement de la jeune militante disparue.
Fresque à l'entrée sud du parc Ormeau, au centre de Belfast, exécutée par des peintres de la « Brigade Ramona Parra » chilienne et les muralistes républicains et loyalistes irlandais en 2009. Photo Extramural Activity, 2013. |