Un agréable séjour ensoleillé pour les ex militaires criminels à
la prison 5 étoiles « Punta Peuco ».
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Le gouvernement Chilien a annoncé mercredi 8 août la fermeture prochaine du pénitencier spécial « Punta Peuco », qui accueille des anciens militaires condamnés pour des crimes contre l'humanité.
Déjà annoncée en juillet, l’éventuelle fermeture
de la prison spéciale devrait avoir lieu en septembre, et suppose le
transfèrement de 130 anciens militaires vers le pénitencier « Colina
1 », établissement pour détenus de droit commun au nord de Santiago.
Pedro Espinoza Bravo,
ancien brigadier
de l’Armée, N° 2 de la DINA, condamné
pour des douzaines de crimes au
pénitencier V.I.P. pour militaires.
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Émanée de la Présidence, la décision politique exige un décret présidentiel et son application concerne plusieurs ministères, comme celui de la Justice, de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que le secrétariat de la Présidence et la Gendarmerie, au Chili les gardiens de prison. Cette collégialité affichée et une large distribution des responsabilités, vise à montrer une volonté unanime de l’administration sur ce dossier épineux.
Exigée depuis longue date par les organisations
de victimes de la dictature, promise par la candidate Michelle
Bachelet et rejetée par la Droite pinochetiste, la fermeture de la prison très spéciale
qui accueille les criminels de la dictature militaire est un véritable serpent
de mer.
Dotée d’installations et d’équipements rarissimes
dans n’importe quelle prison du monde, « Punta Peuco » dispose d’un court
de tennis, des vastes jardins intérieurs avec espace pour barbecue, des chapiteaux
pour accueillir des visiteurs et d’agréables salles communes pour les internés.
Miguel Krassnoff Martchenko, un des
pires criminels de la DINA, ex colonel
d’armée. Purge plus de 140 ans de
prison
à « Punta Peuco ».
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Deux médecins et une infirmière, un dentiste, quatre
assistants para médicaux, un psychologue et un kinésithérapeute sont en permanence
aux soins des 130 internés, condamnés à des longues peines pour tortures, des
crimes de masse et des pires atrocités contre des centaines de prisonniers sans
défense.
Ces privilèges sont loin d’être partagés par l’ensemble
des prisons du Chili, qui vivent des conditions de surpopulation et manque de
moyens, comme la plupart des prisons du continent.
Un bon nombre d’anciens militaires, condamnés pour
des crimes et atrocités imprescriptibles à des
peines incompressibles ne relevant en principe d’aucune grâce, ont été mis en liberté ou jouissent des remises de peine et des bénéfices
accordées par la loi.
D’autre part, les retraites faramineuses qui touchent les anciens militaires criminels ont été récemment révélées,
et au scandale des montants millionnaires s’ajoute le fait que leurs pensions
sont souvent doublées et triplées de juteuses primes pour « maladies professionnelles »
ou encore des « stress post traumatique ». C’est
particulièrement étonnant chez des officiers qui n’ont jamais pris part à aucun
conflit et n’ont jamais fait la guerre, sauf la guerre sale et la répression
sauvage qu’ils ont menée contre les opposants à la dictature, qu’ils ont toujours
nié farouchement.
Un vaste jardin au gazon soigneusement entretenu et
des installations pour barbecue accueillent les visiteurs lors des fêtes en
plein air organisées par les « prisonniers ».
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La défense des condamnés,
pugnace et virulente —relayée par la puissante « famille militaire »,
financée par des moyens institutionnels prodigues—, s’est insurgée contre l’annonce
du transfèrement, alléguant divers arguments techniques sur la capacité du pénitencier
de destin, ainsi que l’âge et l’état de santé des anciens officiers.
Les associations
des Familles des détenus disparus (Afdd), espèrent que la fermeture de « Punta
Peuco » aura bien lieu en septembre prochain, et que les prisonniers seront
internés dans un établissement relevant du droit commun, en accord avec l’égalité
de règles pour tous d’une démocratie moderne.