Vendredi 20 février dernier, le Pérou a rappelé pour
consultation son ambassadeur à Santiago et envoyé un message de protestation
aux autorités du Chili, a annoncé le Premier ministre péruvien, Ana Jara
Vásquez. Lima accuse son voisin d'actes d'espionnage.
Un communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères
avait déjà fait état auparavant du rappel pour consultation de l'ambassadeur et
avait affirmé que dans une note diplomatique le gouvernement avait exprimé « sa
plus vive protestation et son rejet des actes d'espionnage visant la sécurité
nationale ».
Accusé d'espionnage par le Pérou, le Chili « va répondre avec
sérénité » au message de protestation envoyé par Lima, a assuré dimanche le
ministre chilien des Affaires étrangères Heraldo Muñoz, et a indiqué
que l'ambassadeur du Chili à Lima, Roberto Ibarra, qui se trouve en vacances à
Santiago, y resterait dans l’immédiat « pour aider à la préparation de la
lettre de réponse à la lettre péruvienne », sans préciser si le diplomate
reprendra ensuite son poste à Lima.
Le rappel pour consultation est une procédure d'urgence diplomatique permettant à un État de manifester son mécontentement à l'égard d'un pays tiers. Dans sa note, la chancellerie péruvienne réclame « une enquête rapide et approfondie pour poursuivre les responsables de ces actes ». Elle demande également que le Chili « garantisse que de tels actes d'espionnage ne se reproduiront pas ».
Le Pérou a reconnu jeudi qu'il enquêtait sur trois membres
de sa marine soupçonnés d'espionnage entre 2005 et 2012 pour le compte du
Chili, évoquant des faits « honteux ». Le président péruvien Ollanta
Humala a parlé d'une situation « grave pour les relations bilatérales ».
Le ministère des Affaires étrangères chilien a nié les faits
et répondu jeudi qu'il « n'encourageait ni n'acceptait aucun acte
d'espionnage dans d'autres pays ou sur son propre territoire ».
Le Pérou avait perdu un pan de son territoire —la région d'Arica—, annexé
par le Chili après la Guerre du Pacifique (1879-83). Les
relations diplomatiques entre les deux pays connaissent depuis des hauts et des bas.
En janvier 2014, la Cour internationale de Justice (CIJ) avait mis fin à une
querelle territoriale séculaire entre Lima et Santiago avec l'attribution au
Pérou d'une zone maritime sous souveraineté chilienne riche en ressources
halieutiques.