lundi 5 octobre 2015

Miguel Enríquez, un jour d'octobre à Santiago, il y a 44 ans…


Miguel Enríquez Espinoza et sa fille Javiera, à la plage au Chili, en 1973. L’image du jeune médecin, leader historique du Mouvement de la Gauche Révolutionaire chilienne (MIR) et héros de la résistance tombé en combat contre les sbires de Pinochet ne cesse de grandir avec le temps.

« Le chef du MIR est mort » : la une de la presse chilienne informe
de la mort de Miguel Enríquez dans une fusillade avec des forces
militaires. Les dernières nouvelles, Santiago, 6 octobre 1974.
En décembre 2008, lors de la sortie du film « Rue Santa Fé » de Carmen Castillo au Portugal, l’écrivain José Saramago, Prix Nobel de Littérature 1998, a présenté le film et sa réalisatrice au public de Lisbonne. Dans ce 44ème anniversaire de la disparition de Miguel Enríquez, Méridion reproduit ce texte bref, peu diffusé et d’une grande sensibilité. Écrivain et journaliste, une voix majeure des lettres portugaises de la fin du XXe siècle, bien connu pour son solide engagement progressiste et ses énergiques prises de position, José Saramago est mort en 2010.


Rue Santa Fe...

« La rue existe, c’est à Santiago du Chili.
Là, les sbires de Pinochet ont cerné la maison basse qui habitaient —quoiqu’il vaudrait mieux dire où ils se réfugiaient—, Carmen Castillo et son compagnon de vie et d'action politique, Miguel Enríquez, principal dirigeant du M.I.R., sigle du Mouvement de la Gauche Révolutionnaire, qui avait soutenu et collaboré avec Salvador Allende et qui était maintenant l’objet de la persécution du pouvoir militaire qu'avait trahi la démocratie et se préparait à établir l'une des plus féroces dictatures que l'Amérique du Sud a eu le malheur de connaître.
 
L’écrivain portugais José Saramago, Prix Nobel de Littérature 1998, militant communiste, disparu en 2010.

Miguel Enríquez a été assassiné et Carmen Castillo, qui était alors enceinte, a été gravement blessée. Beaucoup d'années après, Carmen se souvient et reconstitue ces jours dans un documentaire d’une sincérité et d’un réalisme impressionnants. […]. Grâce au savoir faire et à la sensibilité de sa réalisatrice, le documentaire est, au même temps, du cinéma de la plus haute qualité.

Malgré le temps ingrat, avec des intervalles de pluie et de froid, le cinéma était plein. Carmen Castillo craignait que les deux heures et demie de projection de son documentaire allaient finir par décourager les assistants, mais il n'a pas été ainsi. Pas une seule des personnes présentes s'est levée pour partir, et à la fin, captivés par la force des images et les témoignages bouleversants des militants du M.I.R survivants de la dictature, les spectateurs ont applaudie Carmen débout.
Nous, ceux de la Fondation, nous étions fiers du public.
Nous avions confiance, mais la réalité a excédé les prévisions les plus optimistes. […].»

José Saramago
Lisbonne, Décembre 2008.

Ouvert en 1974, le grand hôpital Universitaire et de Chirurgie à La Havane porte le nom du « Docteur Miguel Enríquez Espinoza », en hommage au leader chilien de la résistance à la dictature militaire.