Luis Ramírez Pineda, lieutenant
colonel en septembre 1973,
cité en plusieurs dossiers judiciaires
pour des assassinats de
sang froid qu’il a ordonnés à la
troupe.
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Une juge de la Cour d’appel chilienne
a condamné le 22 décembre 2015 l’ancien général Luis Ramírez Pineda à 18 ans de prison pour les
homicides de Wagner Salinas Muñoz et de Francisco Lara Ruiz, deux escortes du
président Salvador Allende tués en octobre 1973.
Wagner Salinas Muñoz et Francisco
Lara Ruiz appartenaient au groupement de protection de la Présidence du Chili,
le « Gap », chargé de la garde rapprochée du Président Salvador Allende. Le jour du
putsch militaire ils se trouvaient à la ville de Talca, au sud de Santiago, et
alertés des événements ils ont rapidement tenté de regagner la capitale.
Interceptés par un barrage policier sur l’autoroute panaméricaine, à la sortie
de la ville de Curicó, ils ont été mis en prison puis livrés aux militaires qui
les ont conduits finalement au régiment « Tacna », site où ils ont
été tués le 5 octobre 1973 après des cruelles séances de torture.
L’enquête a établi que Luis
Ramírez Pineda, alors lieutenant colonel de l'armée de terre, a ordonné au
capitaine Luis Guillermo Mena de fusiller les deux prisonniers, en lui
remettant même les cartes d’identité de Wagner Salinas Muñoz, de 29 ans, et de
Francisco Lara Ruiz, de 22 ans. Wagner Salinas Muñoz avait été un remarquable
boxeur amateur, plusieurs fois champion national et sud-américain des poids
lourds.
Le régiment d’artillerie
N° 1 « Tacna ». Dès le jour
du putsch militaire des
nombreux prisonniers y ont
été enfermés, torturés
et tués para la soldatesque
sous commandement de Luis
Ramírez Pineda.
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Au moment du sanglant coup
militaire du 11 septembre 1973, Luis Ramírez Pineda était le commandant du
régiment N° 1 « Tacna », importante unité d’artillerie de Santiago qui
a participé très activement du dispositif militaire qui a occupé la ville. Suite
au siège et aux frappes aériennes lancées sur le palais de « La
Moneda », des troupes d'assaut de l’infanterie ont capturé une
cinquantaine de personnes, parmi eux des conseillers, des médecins et des
membres de la garde du Président Salvador Allende. Ils ont été pour la plupart conduits
à la caserne « Tacna », et sommairement exécutés deux jours après.
Luis Ramírez Pineda était attaché
militaire en Argentine en 1974 —quand ont eu lieu les crimes du général Carlos
Prats et de son épouse—, et il avait été interrogé par la justice argentine
lors de l’enquête pour ces meurtres, perpétrés par la Dina le 30 septembre
1974. Il a été ensuite chef de l'état major de la Défense nationale entre les
années 1978 et 1981, un très proche collaborateur du dictateur Pinochet.
Ramírez Pineda avait été arrêté en
septembre 2002 à Buenos Aires, puis extradé au Chili en 2003 suite au mandat
d’arrêt international émis par le juge français Roger Le Loire pour l’enlèvement
et la mort du citoyen français Georges Klein Pipper, médecin et assistant du
président Allende séquestré avec d'autres conseillers de la présidence
le 11 septembre 1973, et fusillé deux jours après par des militaires aux
ordres de Ramírez Pineda.
Cette procédure judiciaire —initiée
par les familles de neuf victimes françaises contre une quinzaine d’officiers
chiliens accusés d’arrestations ou détentions arbitraires, avec torture ou actes
de barbarie suivis de mort—, avait conduit aux condamnations par contumace de 13
militaires qui ont participé à la répression sous la dictature chilienne. De
longues peines, dont une de prison à vie contre le général Manuel Contreras,
l'ex-chef de la Dina, ont été prononcées à Paris le 17 décembre 2010. Le
général Luis Ramírez Pineda avait écopé alors de 25 ans de réclusion par
contumace.
À Rome, dans le cadre du procès « Condor »
—le réseau ourdi dans la décennie des 70 et 80 par les dictatures
sud-américaines pour réprimer l'opposition politique de manière coordonnée—, Luis
Ramírez Pineda a été aussi cité par la justice italienne, dans un dossier qui
concerne des accusés chiliens, uruguayens, péruviens et boliviens, des sicaires
des organismes de « sécurité » qui ont traqué et exterminé sans pitié
des milliers de militants de la gauche latino-américaine.