Ricardo Ugarte lors d’une chevauchée dans les vallées de la précordillère chilienne, près de San José de Maipo, en 2009. Photo Celia Zuleta. |
Suite au décès récent de Ricardo Ugarte, ancien exilé chilien
qui a vécu en Alsace pendant la longue dictature militaire, un hommage est organisé
à Strasbourg par ses amis et camarades. Ricardo
s’est éteint le 15 janvier 2016, à 84 ans, à San José de Maipo, commune de la pré cordillère proche de Santiago où il s’était installé avec sa famille à son
retour au Chili.
Militant du Mir, le Mouvement de la gauche révolutionnaire, Ricardo Ugarte était l’un des rares rescapés de la « Caravane de la mort », la première
campagne d’extermination massive lancée par la dictature de Pinochet contre les
partisans du gouvernement déchu de Salvador
Allende.
Technicien agricole et dirigeant régional
du Mouvement
révolutionnaire paysan (MRC),
Ricardo Ugarte avait été arrêté au
lendemain du sanglant coup d’état de septembre 1973, et il se trouvait
emprisonné à Cauquenes, localité rurale du sud du Chili. Le 4 octobre 1973 Sergio Arellano Stark, le général
responsable des massacres de la « Caravane de la mort » débarquait en hélicoptère à Cauquenes, avec sa troupe
d’officiers et sous-officiers, et la mission d’éliminer des prisonniers
politiques.
Ricardo a été alors emmené, avec quatre autres détenus, devant une
parodie de « conseil de guerre » improvisé par Arellano Starck et ses sicaires, qui les ont sauvagement frappés et
torturés. Il a été assommé par les coups et traîné par un des soldats dans une
pièce attenante. Il a su plus tard qu’il devait la vie au lointain lien de
parenté qu’il avait avec le dictateur, intervenu auprès des tueurs pour l’épargner
in extremis.
Quatre prisonniers ont été
froidement tués par l’unité volante d’extermination à Cauquenes, et près d’une
centaine tout au long du pays. La longue enquête judiciaire sur les crimes de
la « Caravane de la mort »,
ouverte longtemps après les faits, a inculpé le général Sergio Arellano Stark, le colonel Marcelo Morén Brito et le brigadier Pedro Espinoza pour ces tueries.
Ricardo Ugarte a du partir en exil peu de temps après, et il a atterri
avec sa famille à Strasbourg, comme des milliers de chiliens accueillis en France
et un peu partout dans le monde, fuyant la barbarie militaire déchaînée au
Chili.
Connu par sa verve et son humour
étincelant, très apprécié de sa communauté pour son esprit de camaraderie, par
sa solidarité et sa loyauté, il a été l’un des fondateurs et animateur de
plusieurs collectifs rassemblant l’exil chilien en Alsace depuis les années 70.
À Strasbourg, Ricardo a été l’un des
créateurs de la « Peña Chile », espace périodique
où les Chiliens en exil et les proches alsaciens et français ont réuni leurs
efforts pour soutenir la Résistance chilienne et dénoncer au monde la dictature
de Pinochet.
Plusieurs générations de réfugiés
chiliens se souviennent aujourd’hui des émotives soirées de la « Peña
Chile », organisées au centre « Bernanos » pendant des
années, puis au « Fossé des Treize », et du rôle central de Ricardo Ugarte dans les tâches de la solidarité
avec le Chili. Ces générations et leurs proches évoqueront sa mémoire en
musique et chansons à Strasbourg, autour d’un verre de rouge et d’une
traditionnelle « empanada » chilienne.
L’hommage à Ricardo
Ugarte aura lieu Jeudi 24 Mars à
la « Maison de l’Amérique Latine », de 19H à 22 H.
Maison de l’Amérique Latine, 7, rue
de la Course, à Strasbourg.