La présidente du Chili, Michelle Bachelet, est montée au créneau mercredi 8 avril pour défendre sa présidence après un scandale financier visant son fils, une affaire qui a affecté sa crédibilité et suscité des rumeurs de démission.
« Au cas où quelqu'un aurait des doutes, je n'ai pas démissionné, et je ne le ferai pas, je ne sais même pas comment ce serait possible constitutionnellement », a affirmé la présidente lors d'une rare rencontre avec la presse étrangère.
Sortant d'un long silence depuis le début de l'affaire il y a deux mois, elle a démenti les rumeurs qui se sont propagées ces derniers jours sur les réseaux sociaux après la crise politique provoquée par le scandale immobilier impliquant son fils aîné, Sebastián Davalos, 36 ans.
« Peut-être ai-je commis l'erreur de garder le silence, parce que cela a pu donner une mauvaise impression », a reconnu la présidente socialiste dans une première explication sur l'affaire impliquant son fils et sa belle-fille.
M. Davalos fait actuellement l'objet d'une enquête pour « utilisation d'information privilégiée » et « trafic d'influence », après l'obtention d'un prêt immobilier de 10 millions de dollars auprès de la Banque du Chili en 2013, pendant la campagne électorale. Son épouse, Natalia Compagnon, a été précisément entendue sur cette affaire mercredi 8 avril par un juge de Rancagua, ville du sud où se trouvent les terrains au centre de la polémique.
« La vérité c'est que je n'ai aucun lien avec tout cela », a poursuivi la présidente socialiste, évoquant notamment l'entretien de son fils avec l'un des directeurs de la Banque du Chili, le magnat Andrónico Luksic, une des plus grosses fortunes du pays. « Je n'ai rien su de cette réunion, je ne l'ai pas demandée, je n'ai pas parlé avec Luksic », a insisté Mme Bachelet.
La crise politique suscitée par cette affaire a freiné abruptement le rythme de l'ambitieux programme de réformes auquel elle s'est attelée depuis son investiture en mars 2014.
Dans un pays encore marqué par l'héritage de la dictature d'Augusto Pinochet, Mme Bachelet s'est notamment engagée dans les domaines de l'éducation, de la législation du travail, du système électoral, de la réforme de la Constitution, et de la fiscalité.
Elle a également dû récemment affronter des catastrophes naturelles comme l'éruption du volcan Villarrica, des incendies de forêt dans le sud du pays ainsi que des inondations dévastatrices dans l'aride région d'Atacama, au nord. « Nous ne sommes paralysés par rien », a néanmoins assuré la présidente.
« Nous ne pouvons pas fermer les yeux, la corruption est parmi nous », a commenté sobrement mardi le Contrôleur général de la République, Ramiro Mendoza, alors que le Chili se targue d'être un des pays les plus transparents d'Amérique latine. « Il peut y avoir de la corruption au Chili, mais elle n'est pas généralisée. Tout le monde n'est pas corrompu dans notre pays », a affirmé pour sa part Mme Bachelet.
La crise a eu des répercussions directes sur sa popularité, qui a chuté à 30% d'opinions favorables, loin des 84% d'approbation à la fin de son premier mandat et des 54% au début du second.
« Les gens avaient déposé en Bachelet une confiance importante, à la différence de la classe politique traditionnelle. L'affaire du fils la place au milieu de ce que la plupart des gens critiquent le plus dans la classe politique : l'abus de pouvoir et le trafic d'influence », indique à l'AFP l'analyste politique, Max Colodro.
« Je ne me soucie pas de mon niveau de popularité, ce n'est pas ma priorité dans la vie. Ce qui me préoccupe c'est l'avenir du Chili », a réfuté la présidente.
Afp.
Afp.