jeudi 10 août 2017

Chili : le gouvernement annonce la fermeture de « Punta Peuco », la prison 5 étoiles pour militaires criminels


Un agréable séjour ensoleillé pour les ex militaires criminels à la prison 5 étoiles « Punta Peuco ».

Le gouvernement Chilien a annoncé mercredi 8 août la fermeture prochaine du pénitencier spécial « Punta Peuco », qui accueille des anciens militaires condamnés pour des crimes contre l'humanité.
Déjà annoncée en juillet, l’éventuelle fermeture de la prison spéciale devrait avoir lieu en septembre, et suppose le transfèrement de 130 anciens militaires vers le pénitencier « Colina 1 », établissement pour détenus de droit commun au nord de Santiago.
Pedro Espinoza Bravo, ancien brigadier
de l’Armée, N° 2 de la DINA, condamné
pour des douzaines de crimes au
pénitencier V.I.P. pour militaires.

Émanée de la Présidence, la décision politique exige un décret présidentiel et son application concerne plusieurs ministères, comme celui de la Justice, de l'Intérieur et de la Défense, ainsi que le secrétariat de la Présidence et la Gendarmerie, au Chili les gardiens de prison.  Cette collégialité affichée et une large distribution des responsabilités, vise à montrer une volonté unanime de l’administration sur ce dossier épineux.

Exigée depuis longue date par les organisations de victimes de la dictature, promise par la candidate Michelle Bachelet et rejetée par la Droite pinochetiste, la fermeture de la prison très spéciale qui accueille les criminels de la dictature militaire est un véritable serpent de mer.

Dotée d’installations et d’équipements rarissimes dans n’importe quelle prison du monde, « Punta Peuco » dispose d’un court de tennis, des vastes jardins intérieurs avec espace pour barbecue, des chapiteaux pour accueillir des visiteurs et d’agréables salles communes pour les internés.

pires criminels de la DINA, ex colonel
d’armée. Purge plus de 140 ans de
prison à « Punta Peuco ».
Deux médecins et une infirmière, un dentiste, quatre assistants para médicaux, un psychologue et un kinésithérapeute sont en permanence aux soins des 130 internés, condamnés à des longues peines pour tortures, des crimes de masse et des pires atrocités contre des centaines de prisonniers sans défense.

Ces privilèges sont loin d’être partagés par l’ensemble des prisons du Chili, qui vivent des conditions de surpopulation et manque de moyens, comme la plupart des prisons du continent.

Un bon nombre d’anciens militaires, condamnés pour des crimes et atrocités imprescriptibles à des peines incompressibles ne relevant en principe d’aucune grâce, ont été mis en liberté ou jouissent des remises de peine et des bénéfices accordées par la loi.

D’autre part, les retraites faramineuses qui touchent les anciens militaires criminels ont été récemment révélées, et au scandale des montants millionnaires s’ajoute le fait que leurs pensions sont souvent doublées et triplées de juteuses primes pour « maladies professionnelles » ou encore des   « stress post traumatique ». C’est particulièrement étonnant chez des officiers qui n’ont jamais pris part à aucun conflit et n’ont jamais fait la guerre, sauf la guerre sale et la répression sauvage qu’ils ont menée contre les opposants à la dictature, qu’ils ont toujours nié farouchement.


Un vaste jardin au gazon soigneusement entretenu et des installations pour barbecue accueillent les visiteurs lors des fêtes en plein air organisées par les « prisonniers ».


La défense des condamnés, pugnace et virulente relayée par la puissante « famille militaire », financée par des moyens institutionnels prodigues, s’est insurgée contre l’annonce du transfèrement, alléguant divers arguments techniques sur la capacité du pénitencier de destin, ainsi que l’âge et l’état de santé des anciens officiers.


Les associations des Familles des détenus disparus (Afdd), espèrent que la fermeture de « Punta Peuco » aura bien lieu en septembre prochain, et que les prisonniers seront internés dans un établissement relevant du droit commun, en accord avec l’égalité de règles pour tous d’une démocratie moderne.