samedi 14 juillet 2018

Un appel public pour l’asile en France à Ricardo Palma et Silvia Brzovic, anciens résistants à la dictature

Plusieurs personnalités en France lancent un appel public en défense de Ricardo Palma Salamanca et Silvia Brzovic. Dans un tribune collective diffusée le 14 juillet par Médiapart, la cinéaste Carmen Castillo, Olivier Duhamel, homme politique, Louis Joinet, juriste, le sociologue Alain Touraine et le cinéaste Costa-Gavras appellent la France à protéger le couple et ses enfants, en leur reconnaissant le statut de réfugiés politiques. Le pianiste argentin Miguel Angel Estrella, ancienne victime lui aussi de la repression militaire et Ambassadeur de bonne volonté auprès de l'Unesco s'est joint aussi à l'appel.


Ricardo Palma et Silvia Brzovic, anciens militants de gauche qui ont combattu la longue dictature du général Pinochet sont aujourd'hui réclamés par la justice du Chili, en vertu de la législation héritée de la dictature.

Plusieurs collectifs spontanés avaient lancé des actions de soutien et diverses manifestations depuis Février 2018, date à laquelle le couple s’est rendu à la justice en France. Des associations et des activistes des Droits de l’homme se sont aussi mobilisés pour l’octroi de l’asile politique à la famille Palma – Brzovic. Au Chili, des artistes, des enseignants, des juristes et différentes acteurs sociaux ont manifesté également leur soutien à cette demande.


Une initiative publique a été lancée aussi en ligne pour financer les frais de la défense, sur le site https://defenseasile.wordpress.com/.





lundi 2 juillet 2018

Patricio Sobarzo Núñez, jeune professeur chilien froidement tué par la dictature en 1984

Patricio Sobarzo, avec son fils Simón, en bas-âge au moment de son assassinat. Enseignant d’Histoire et Géographie et syndicaliste, le professeur Sobarzo a été l’un des fondateurs du Comité de défense des Droits du peuple (CODEPU). Photo archive Simón Sobarzo.
La nuit du 2 juillet 1984, alors qu’il cherchait de l’aide pour un combattant Rodriguiste blessé, a été assassiné Patricio Sobarzo Núñez, professeur d'Histoire et Géographie de 31 ans, un des fondateurs du syndicat des enseignants Chiliens (Agech), secrétaire régional du Codepu et militant du MIR. Le professeur Patricio Sobarzo a été abattu de sang froid par plusieurs rafales d’arme automatique, par Reimer Kohlitz Fell, officier de la CNI —la Centrale Nationale d’Informations, la sinistre police politique de Pinochet—, qui après l'avoir criblé de balles lui a mis un revolver à la main pour simuler un affrontement.

Patricio Sobarzo était un des responsables du Comité de défense des Droits du peuple, Codepu, et il avait été alerté pour secourir un militant du Front Patriotique Manuel Rodríguez grièvement blessé, soigné d’urgence dans une clinique clandestine et traqué de près par des agents de la CNI.

Sorti en voiture pour trouver un médecin accompagné d’Enzo Muñoz Arévalo, ils se sont arrêtés près d’une cabine téléphonique, sur un axe routier au sud-ouest de Santiago. Patricio Sobarzo est descendu du véhicule et a traversé la route pour aller téléphoner, lorsque sont arrivés en nombre et à bord de plusieurs voitures des agents en civil fortement armés. C’était la Brigade Verte de la CNI, sous les ordres d’Álvaro Corbalán Castilla.

Comme dans d’autres cas d’exécutions sommaires, la presse chilienne
a montré les meurtres du professeur Patricio Sobarzo et ses camarades
comme un affrontement entre des « terroristes » armés et les sbires.
D’une première rafale ils ont tué aussitôt le conducteur de l'automobile, Enzo Muñoz, militant communiste. Par la violence des impacts, son corps a été projeté par la portière hors de la voiture et il est tombé en travers de la chaussée. Patricio Sobarzo a été capturé aux abords de la cabine, violemment frappé et obligé de monter dans un des véhicules de la CNI. Il a été ensuite amené plus au sud vers un endroit inhabité, où il a été assassiné froidement.

Aux fracas de la fusillade, les militants qui se trouvaient à la clinique clandestine ont quitté les lieux et ont tenté de franchir l’encerclement déployé par les sbires de Pinochet. Deux autres personnes ont été arrêtées cette nuit aux abords de la maison et conduites au quartier Borgoño de la CNI, où elles ont été brutalement torturées : Ana Delgado Tapia, ingénieur agronome, militante communiste, et Juan Manuel Varas Silva, mécanicien, militant du MIR.
On les a extraits au petit matin du siège de la CNI et amenés vers le sud, et aux alentours de la commune de San Joaquín, les deux prisonniers ont été froidement assassinés.
Sept autres personnes ont été capturées par la police politique de Pinochet dans les heures qui ont suivi, accusées de terrorisme et subversion.

La version officielle de la dictature, largement relayée par la presse, a parlé alors d’un affrontement entre les forces de sécurité et des « terroristes, armés et dangereux ». Quoique cette version n’ait jamais convaincu personne, puisqu’on savait que la police secrète de Pinochet procédait à l’extermination pure et simple des opposants politiques, il a fallu attendre 28 ans pour que la justice rétablisse la vérité.
Le 9 avril 2012, un juge a condamné 5 agents de la CNI pour les meurtres de Patricio Sobarzo, Enzo Muñoz Arévalo, Ana Delgado Tapia et Juan Varas Silva, le 2 juillet 1984 à Santiago.

Álvaro Federico Julio Corbalán Castilla, officier de l’armée responsable de très nombreux crimes, et qui purge déjà plusieurs autres peines, a été condamné à 15 ans de prison. Hernán Antonio Vásquez Villegas et Reimer Eduardo Kohlitz Fell ont été condamnés à 6 ans de prison. Juan Eduardo Rubilar Ottone et Jorge Eduardo Hernández ont été condamnés à 3 ans et un jour.