lundi 19 mars 2018

Au Chili et ailleurs dans le monde, la solidarité avec les Palma-Brzovic



Le rassemblement pour le refuge politique en France pour la famille Palma-Brzovic, sur l’esplanade des Droits de l’homme à Trocadéro, le 11 mars 2018, le jour de la passation de pouvoir à Santiago. Photo Daniel Sandoval.
Lors d’un grand acte massif et de longue haleine qui a réuni plusieurs centaines de personnes à Santiago, le collectif de soutien à Ricardo Palma Salamanca et Silvia Brzovic a lancé sa campagne de solidarité avec les anciens résistants assignés à résidence à Paris.

L’activité, qui a débuté à midi par un repas payant et a proposé aussi des animations et des spectacles pour les enfants, s’est déroulé le samedi 17 mars dernier dans un quartier ouvrier proche du centre-ville. Divers ensembles de musique populaire et folklorique, des poètes, des chanteurs et des artistes très aimés du public se sont succédé sur scène tout au long de l’après-midi. Près de 300 repas ont été vendus avant la rupture de stock et des estimations modestes signalent pas moins de 500 personnes ayant participé à la fête, qui s’est prolongé jusqu’à minuit.
  
Plusieurs activistes chiliens des droits de l'homme, des juristes et des permanents des ONG locales sont venus aussi soutenir publiquement la demande d’asile politique en France pour les anciens résistants, ainsi que des personnalités emblématiques du combat contre la dictature militaire.
 
Parmi eux, Mme Alicia Lira, présidente de l'AFEP, l’association des familles d'exécutés et des disparus ; Mme Carmen Soria, la fille du diplomate espagnol Carmelo Soria, assassiné par la police secrète de Pinochet ; la Commission FUNA —le collectif qui se charge de démasquer les criminels militaires qui vivent cachés—, et des responsables associatifs, ainsi qu’un grand nombre d'anciens prisonniers politiques de la dictature de Pinochet.

De différentes manières et par des gestes symboliques, d’autres acteurs de la vie sociale chilienne ont manifesté leur soutien, comme les éditions « Ceibo », la maison d’éditions qui publie des textes de témoignage et dénonciation autour de l’histoire récente du Chili. Également, le peintre muraliste Alejandro Mono González, un des fondateurs de la mythique brigade muraliste « Ramona Parra » a fait don d’une œuvre qui a été l’un des lots de la grande tombola organisée pour l’occasion.

Andrea Palma, la sœur de Ricardo, elle-même victime de la répression, comme toute sa famille, a adressé un émouvant message de remerciement au nom des siens, et un appel à multiplier les manifestations de solidarité.

Organisée très rapidement par un efficace réseau de bénévoles, en dehors des circuits partisans et institutionnels, cette manifestation participe du grand élan de solidarité citoyenne, spontanée, qui s’est levé très vite autour de la demande d’asile politique pour Ricardo Palma et sa femme Silvia Brzovic.

En Europe, plusieurs collectifs se sont aussi constitués du jour au lendemain en février, à l’annonce de l’arrestation de Ricardo et Silvia, et des actions de soutien ont été reportées à Paris, à Bruxelles, en Espagne, en  Suisse et à Hambourg. L’appel à soutien pour la demande d’asile en France, lancé en ligne sur le site américain « Change.org » a dépassé en quelques semaines les 3000 signataires et les adhésions continuent.

« France Amérique latine » a émis une déclaration conjointe à Paris avec l’Association d’anciens prisonniers politiques, sollicitant formellement le gouvernement français pour qu’il accorde le refuge politique aux persécutés. Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées sur l’esplanade des Droits de l’homme à Trocadéro le 11 mars dernier, le jour même du changement du gouvernement au Chili, pour manifester leur solidarité avec les Palma-Brzovic.

Dans l’attente d’une décision judiciaire sur l’extradition des anciens résistants vers le Chili prévue pour le 28 mars, un réseau informel se reconstitue un peu partout, autour d’une cause humanitaire touchant aux droits de l’homme. Composée de jeunes sympathisants, d’anciens militants et des proches des milieux latino-américains, cette frange garde, comme les activistes au Chili, son caractère spontané et une totale indépendance des appareils politiques traditionnels. Elle porte haute la revendication des luttes contre la dictature et le sort des anciens combattants, question délicate pourtant évacuée des débats et de la pratique de la gauche parlementaire, mais qui reste très présente chez les gens, au cœur des familles et d'un peuple profondément déçu par ses politiques.

L’écrivain, chanteur et musicien Patricio Manns, comme d’autres artistes, intellectuels et créateurs soutient publiquement la demande d’asile politique de la famille Palma -Brzovic. Image capture d'écran.