samedi 12 mars 2016

Ricardo Ugarte : l’hommage à l’ancien militant anti dictature mort au Chili

Ricardo Ugarte lors d’une chevauchée dans les vallées de la précordillère chilienne, près de San José de Maipo, en 2009. Photo Celia Zuleta.

Suite au décès récent de Ricardo Ugarte, ancien exilé chilien qui a vécu en Alsace pendant la longue dictature militaire, un hommage est organisé à Strasbourg par ses amis et camarades. Ricardo s’est éteint le 15 janvier 2016, à 84 ans, à San José de Maipo, commune de la pré cordillère proche de Santiago où il s’était installé avec sa famille à son retour au Chili.

Militant du Mir, le Mouvement de la gauche révolutionnaire, Ricardo Ugarte était l’un des rares rescapés de la « Caravane de la mort », la première campagne d’extermination massive lancée par la dictature de Pinochet contre les partisans du gouvernement déchu de Salvador Allende.

Technicien agricole et dirigeant régional du Mouvement révolutionnaire paysan (MRC), Ricardo Ugarte avait été arrêté au lendemain du sanglant coup d’état de septembre 1973, et il se trouvait emprisonné à Cauquenes, localité rurale du sud du Chili. Le 4 octobre 1973 Sergio Arellano Stark, le général responsable des massacres de la « Caravane de la mort » débarquait en hélicoptère à Cauquenes, avec sa troupe d’officiers et sous-officiers, et la mission d’éliminer des prisonniers politiques.

Ricardo a été alors emmené, avec quatre autres détenus, devant une parodie de « conseil de guerre » improvisé par Arellano Starck et ses sicaires, qui les ont sauvagement frappés et torturés. Il a été assommé par les coups et traîné par un des soldats dans une pièce attenante. Il a su plus tard qu’il devait la vie au lointain lien de parenté qu’il avait avec le dictateur, intervenu auprès des tueurs pour l’épargner in extremis.

Quatre prisonniers ont été froidement tués par l’unité volante d’extermination à Cauquenes, et près d’une centaine tout au long du pays. La longue enquête judiciaire sur les crimes de la « Caravane de la mort », ouverte longtemps après les faits, a inculpé le général Sergio Arellano Stark, le colonel Marcelo Morén Brito et le brigadier Pedro Espinoza pour ces tueries.

Ricardo Ugarte a du partir en exil peu de temps après, et il a atterri avec sa famille à Strasbourg, comme des milliers de chiliens accueillis en France et un peu partout dans le monde, fuyant la barbarie militaire déchaînée au Chili.

Connu par sa verve et son humour étincelant, très apprécié de sa communauté pour son esprit de camaraderie, par sa solidarité et sa loyauté, il a été l’un des fondateurs et animateur de plusieurs collectifs rassemblant l’exil chilien en Alsace depuis les années 70. À Strasbourg, Ricardo a été l’un des créateurs de la « Peña Chile », espace périodique où les Chiliens en exil et les proches alsaciens et français ont réuni leurs efforts pour soutenir la Résistance chilienne et dénoncer au monde la dictature de Pinochet.

https://www.facebook.com/events/1577962985853994/Plusieurs générations de réfugiés chiliens se souviennent aujourd’hui des émotives soirées de la « Peña Chile », organisées au centre « Bernanos » pendant des années, puis au « Fossé des Treize », et du rôle central de Ricardo Ugarte dans les tâches de la solidarité avec le Chili. Ces générations et leurs proches évoqueront sa mémoire en musique et chansons à Strasbourg, autour d’un verre de rouge et d’une traditionnelle « empanada » chilienne.

L’hommage à Ricardo Ugarte aura lieu Jeudi 24 Mars à la « Maison de l’Amérique Latine », de 19H à 22 H. 
Maison de l’Amérique Latine, 7, rue de la Course, à Strasbourg.