jeudi 7 juillet 2016

Juan Emilio Cheyre, ancien chef de l'armée chilienne arrêté pour 15 crimes

Juan Emilio Cheyre, lieutenant au moment de la mission exterminatrice de la « Caravane de la mort », est devenu commandant en chef de l'armée chilienne. Comme la plupart des officiers supérieurs directement responsables d’atrocités, il a fait une carrière au sein de l’armée et il est arrivé même à des postes de responsabilité dans l’administration civile post-dictature sans être inquiété. Photo Hans Scott, Agencia UNO.

Juan Emilio Cheyre, général à la retraite et ancien commandant en chef de l'armée chilienne a été interpellé jeudi 7 juillet pour sa responsabilité dans le meurtre de 15 personnes en octobre 1973, aux premiers jours de la dictature du général Pinochet (1973-90). L’ancien général, qui a commandé l'armée chilienne entre 2002 et 2006 après le rétablissement de la démocratie, était lieutenant à l'époque du coup d'État de 1973, sous les ordres du général Ariosto Lapóstol.

Cheyre est accusé de complicité dans le meurtre de 15 personnes commis le 16 octobre 1973 à La Serena, au nord du pays, dans le cadre de la « Caravane de la mort ». C'est le nom donné à l’unité militaire qui sillonna le Chili en hélicoptère après le coup d'État du général Pinochet, avec l’ordre d'exécuter sommairement près d’une centaine d'opposants.

Six autres anciens officiers sont également inculpés dans le dossier du juge spécial qui enquête sur les crimes et violations aux droits de l’homme commis sous la longue dictature de Pinochet. Juan Emilio Cheyre a été inculpé et mis en prison préventive dans le régiment de Police militaire N°1 de Santiago.

La « Caravane de la mort », la première mission d’extermination ciblée d’opposants ordonnée par Pinochet peu après sa prise du pouvoir, en septembre 1973. Des longues années d’enquête ont été nécessaires pour éclaircir les responsabilités des froides tueries qui ont fait près d’une centaine de victimes dans16 villes du Chili. Infographie Méridion.

L’ancien officier supérieur était jusqu’en 2013 président du Service électoral, poste qu’il avait dû quitter en raison de sa participation dans l’enlèvement d’un enfant suite au meurtre de ses parents en décembre 1973, un autre épisode de la cruelle répression déchaînée sur le Chili par sa propre armée.

Accusé d'avoir infligé personnellement des tortures aux détenus civils, et d’avoir participé aux meurtres collectifs des prisonniers politiques lors des razzias opérées par la « Caravane de la mort », l’ex général et ancien numéro 1 de l’armée avait été confronté pendant l’enquête à plusieurs victimes des tortures. En juin 2016, la chaîne de télévision chilienne TVN avait diffusé des témoignages des rescapés de la vague de répression au nord du pays, signalant que Cheyre a bel et bien participé aux massacres des militants de la gauche chilienne.