Cristián Labbé Galilea, colonel de l’armée à la retraite, ancien garde du corps d'Augusto Pinochet et ex-ministre de la dictature militaire, a été arrêté lundi 20 octobre dernier, et mis en examen avec 9 autres anciens officiers chiliens pour des crimes commis sous la dictature. L’ancien officier des bérets noirs est accusé d’avoir participé aux tortures et les assassinats d’au moins treize civils opposants politiques à la dictature.
Les crimes ont été commis après le coup d’État du 11 septembre 1973 dans la caserne Tejas Verdes, à la ville côtière de San Antonio, à 120 km à l'ouest de Santiago. Régiment école des ingénieurs militaires sous le commandement de Manuel Contreras, Tejas Verdes était un lieu de détention et torture très redouté, et centre d’instruction des agents de la police secrète de la dictature, la DINA. C'est là que le colonel Contreras a organisée sa police politique et formé les officiers responsables de la répression, notamment par l’expérimentation de différents méthodes de torture sur les prisonniers. C'est considéré le véritable berceau de la DINA.
L’enquête officielle, étayée par des nombreux témoignages, a établi que dans cette caserne des centaines de détenus —hommes et femmes— ont été soumis à des épouvantables sévices : frappés sauvagement, parfois jusqu’à la mort, systématiquement torturés à l'électricité, brûlés, pendus et violés.
Cristian Labbé Galilea, qui a été aussi pendant 16 ans Maire de Providencia —une des plus riches communes du pays, fief historique de la droite et emblème de la clique enrichie sous la dictature—, a été lui-même agent de la DINA et instructeur à la caserne Tejas Verdes, un des premiers camps de concentration ouverts en septembre 1973 pour prisonniers politiques. Des témoignages de rescapés du camp et des dépositions tardives de bourreaux repentis signalent à Cristian Labbé parmi les tortionnaires, et il a été vu aussi dans d’autres lieux de détention comme Londres 38, la Venda Sexy et Villa Grimaldi.
Soupçonné depuis longtemps de crimes aux droits de l’homme, Labbé a toujours nié avoir appartenu à la DINA, mais des confrontations récentes avec ses anciennes victimes et divers éléments prouvent le contraire.
En effet, dans une note réservée datée de décembre 1974, Manuel Contreras lui-même —à l’époque chef de la DINA—, sollicite des passeports diplomatiques pour quatre agents de son organisme, dont Cristian Labbé Galilea. Le colonel Contreras y indique que ses agents partent au Pérou « en mission officielle » pour la Direction d’Intelligence Nationale.
La DINA avait alors détaché un grand nombre d’officiers pour son appareil extérieur, car elle déployait une forte activité au-delà des frontières du Chili à la traque des opposants à Pinochet. Des attentats, des enlèvements et des assassinats ont été ainsi commis à Washington, à Rome, à Buenos Aires et à Montevideo. Ces opérations transfrontalières ont été exécutées dans le cadre du « plan Condor », le grand accord secret de coordination entre les appareils d’intelligence militaire des dictatures d’Amérique du Sud.
L’ex-colonel et ancien maire Cristián Labbé avait déjà été interrogé en 2010 pour ses liens avec « Colombo », une vaste opération d’intoxication mise en place en 1975 par la DINA, relayée par la presse nationale et continentale, qui a consisté à déguiser en « règlement de comptes » entre militants l’extermination et la disparition de 119 personnes.
Détenus par la DINA courant 1974, mis au secret et atrocement torturés pendant des mois, 119 opposants politiques, hommes et femmes, jeunes, pour la plupart militants du MIR, certains de nationalité française, ont été froidement éliminés vers la fin de 1974 et début 1975. Quelques cadavres avaient été retrouvés en Argentine et au Brésil, et la dictature chilienne avait indiqué que ces morts résultaient d’une « purge interne » à la gauche.
Avec d’autres ex militaires, l’ex agent de la DINA Cristián Labbé est impliqué aussi dans le massacre de 15 paysans du complexe forestier Panguipulli, au sud du Chili. Ces crimes impunis ont eu lieu le 10 octobre 1973, dans la localité de Liquiñe, région montagneuse près de Valdivia. A l’époque, une brigade constituée de militaires et policiers locaux, renforcée par des commandos parachutistes d’élite venus de Santiago, avait quadrillé durant des mois une vaste région forestière du sud du Chili à la recherche de « guérilleros ». Avec des moyens énormes, même des hélicoptères armés de canons, ils ont investi plusieurs exploitations occupées par des paysans désarmés et procédé à des arrestations massives, des tortures et exécutions sommaires.
Longuement soupçonné, quelques fois mis en cause mais jamais vraiment inquiété par la justice, Labbé symbolise l’impunité dont jouissent des anciens militaires et ex dignitaires de la dictature, certains responsables d’atrocités, qui au retour de la démocratie ont occupé des postes de premier plan sans jamais rendre compte de leurs actes.
Les associations de familles des victimes et les avocats des Droits de l’homme espéraient que l’arrestation de Cristián Labbé —pinochétiste notoire, militant de la droite conservatrice à l’Udi (Union démocratique indépendante) et provocateur patenté— aurait permis d’approfondir les enquêtes, d’élargir les charges qui le concernent et d’éclaircir des nombreux homicides sans responsable.
Mais après 48 heures de détention dans des locaux militaires, l’ancien maire Cristián Labbé a été libéré sous caution mercredi 22 octobre, après payement de 500 mil pesos, un peu plus de 670 €.
Les crimes ont été commis après le coup d’État du 11 septembre 1973 dans la caserne Tejas Verdes, à la ville côtière de San Antonio, à 120 km à l'ouest de Santiago. Régiment école des ingénieurs militaires sous le commandement de Manuel Contreras, Tejas Verdes était un lieu de détention et torture très redouté, et centre d’instruction des agents de la police secrète de la dictature, la DINA. C'est là que le colonel Contreras a organisée sa police politique et formé les officiers responsables de la répression, notamment par l’expérimentation de différents méthodes de torture sur les prisonniers. C'est considéré le véritable berceau de la DINA.
L’enquête officielle, étayée par des nombreux témoignages, a établi que dans cette caserne des centaines de détenus —hommes et femmes— ont été soumis à des épouvantables sévices : frappés sauvagement, parfois jusqu’à la mort, systématiquement torturés à l'électricité, brûlés, pendus et violés.
Cristian Labbé Galilea, qui a été aussi pendant 16 ans Maire de Providencia —une des plus riches communes du pays, fief historique de la droite et emblème de la clique enrichie sous la dictature—, a été lui-même agent de la DINA et instructeur à la caserne Tejas Verdes, un des premiers camps de concentration ouverts en septembre 1973 pour prisonniers politiques. Des témoignages de rescapés du camp et des dépositions tardives de bourreaux repentis signalent à Cristian Labbé parmi les tortionnaires, et il a été vu aussi dans d’autres lieux de détention comme Londres 38, la Venda Sexy et Villa Grimaldi.
Soupçonné depuis longtemps de crimes aux droits de l’homme, Labbé a toujours nié avoir appartenu à la DINA, mais des confrontations récentes avec ses anciennes victimes et divers éléments prouvent le contraire.
En effet, dans une note réservée datée de décembre 1974, Manuel Contreras lui-même —à l’époque chef de la DINA—, sollicite des passeports diplomatiques pour quatre agents de son organisme, dont Cristian Labbé Galilea. Le colonel Contreras y indique que ses agents partent au Pérou « en mission officielle » pour la Direction d’Intelligence Nationale.
La DINA avait alors détaché un grand nombre d’officiers pour son appareil extérieur, car elle déployait une forte activité au-delà des frontières du Chili à la traque des opposants à Pinochet. Des attentats, des enlèvements et des assassinats ont été ainsi commis à Washington, à Rome, à Buenos Aires et à Montevideo. Ces opérations transfrontalières ont été exécutées dans le cadre du « plan Condor », le grand accord secret de coordination entre les appareils d’intelligence militaire des dictatures d’Amérique du Sud.
L’ex-colonel et ancien maire Cristián Labbé avait déjà été interrogé en 2010 pour ses liens avec « Colombo », une vaste opération d’intoxication mise en place en 1975 par la DINA, relayée par la presse nationale et continentale, qui a consisté à déguiser en « règlement de comptes » entre militants l’extermination et la disparition de 119 personnes.
Détenus par la DINA courant 1974, mis au secret et atrocement torturés pendant des mois, 119 opposants politiques, hommes et femmes, jeunes, pour la plupart militants du MIR, certains de nationalité française, ont été froidement éliminés vers la fin de 1974 et début 1975. Quelques cadavres avaient été retrouvés en Argentine et au Brésil, et la dictature chilienne avait indiqué que ces morts résultaient d’une « purge interne » à la gauche.
Avec d’autres ex militaires, l’ex agent de la DINA Cristián Labbé est impliqué aussi dans le massacre de 15 paysans du complexe forestier Panguipulli, au sud du Chili. Ces crimes impunis ont eu lieu le 10 octobre 1973, dans la localité de Liquiñe, région montagneuse près de Valdivia. A l’époque, une brigade constituée de militaires et policiers locaux, renforcée par des commandos parachutistes d’élite venus de Santiago, avait quadrillé durant des mois une vaste région forestière du sud du Chili à la recherche de « guérilleros ». Avec des moyens énormes, même des hélicoptères armés de canons, ils ont investi plusieurs exploitations occupées par des paysans désarmés et procédé à des arrestations massives, des tortures et exécutions sommaires.
Longuement soupçonné, quelques fois mis en cause mais jamais vraiment inquiété par la justice, Labbé symbolise l’impunité dont jouissent des anciens militaires et ex dignitaires de la dictature, certains responsables d’atrocités, qui au retour de la démocratie ont occupé des postes de premier plan sans jamais rendre compte de leurs actes.
L’ex agent de la DINA et instructeur d’interrogateurs Cristián Labbé Galilea sur son lieu de villégiature à la plage de Miami, en février 2013. |
Les associations de familles des victimes et les avocats des Droits de l’homme espéraient que l’arrestation de Cristián Labbé —pinochétiste notoire, militant de la droite conservatrice à l’Udi (Union démocratique indépendante) et provocateur patenté— aurait permis d’approfondir les enquêtes, d’élargir les charges qui le concernent et d’éclaircir des nombreux homicides sans responsable.
Mais après 48 heures de détention dans des locaux militaires, l’ancien maire Cristián Labbé a été libéré sous caution mercredi 22 octobre, après payement de 500 mil pesos, un peu plus de 670 €.