 |
Desiderio Arenas, El Chere, un touche-à-tout aux talents divers, il a franchi avec ses créations l’espace de plusieurs générations et il part trop
tôt. |
Desiderio Arenas Charlín, parolier et artiste multiple,
auteur de quelques unes des chansons les plus connues du célèbre groupe chilien
« Quilapayún », est décédé mercredi 24 août à Santiago. Connu sous le
nom de « Chere » Arenas, il a été biographe, romancier, dramaturge et
scénariste, en plus d'un compositeur prolifique qui depuis 1968 a fait des
chansons pour des nombreux interprètes. Il était aussi membre permanent du
syndicat national d’artistes et créateurs.
Il a été l’auteur de plus de 80 œuvres musicales, chantées
par des interprètes du milieu national —notamment Les anges noirs, Quilapayún et
Patricio Manns—, et plusieurs autres solistes également très prisés. Comme
plusieurs autres artistes et créateurs, il a été prisonnier politique pendant
la longue dictature militaire de Pinochet, et il est parti en exil en France en
1975.
 |
Le groupe chilien «Quilapayun». Photo site officiel. |
A Paris, il a crée la musique pour diverses pièces du théâtre
« Aleph », d'Oscar Castro. De cette période datent aussi ses travaux en
collaboration avec d’autres artistes comme Patricio Wang, Eduardo Carrasco, José
Seves, et avec Patricio Manns.
À son retour au Chili en 1987, sous l'influence du rock
français des années 80, Desiderio Arenas a lancé « La bande du chacal »
(1988). C’était la chanson populaire avec une âme de « rock urbain »,
avec beaucoup d’humour et des éléments des comics, à l'opposé de la chanson engagée
de ses débuts, mais qui gardait les mêmes objectifs.
Il a été le biographe de Margot Loyola, la grande
folkloriste chilienne qui a formé des générations d’artistes, et aussi de Luis
Advis, compositeur et auteur d’une vaste œuvre musicale qui a changé le sort de
la création musicale au Chili. Écrivain, Desiderio Arenas a donné deux romans
et plusieurs pièces comme dramaturge, et il a été aussi co-auteur des scénarios
de films.
 |
Couverture Banda del
Chacal, EMI Odeon, Chili, 1988. |
Très influencé para la génération beat, Arenas considérait l’écrivain
Jack Kerouac une référence centrale, et parmi ses inspirations —hormis quelques
créateurs chiliens—,
il reconnaissait Bob Dylan, Bertolt Brecht, Norman Mailer, Pink Floyd, Queen, le
Che Guevara, les murs de Paris en mai 68, Georges Brassens, Leonard Cohen et Renaud.
Comme il l’a déclaré plus d’une fois, « pour maîtriser
son métier de compteur d'histoires il s'est servi de divers moyens », et il
aura été un peu photographe, un peu musicien, un peu écrivain, un peu
dessinateur et un peu chanteur. L’artiste laisse ses travaux, des propositions
audacieuses à la frontière de plusieurs disciplines, une œuvre riche et peu
connue, dont le volet musical est l’une des clefs d’accès.
Aujourd’hui dans le chagrin, ses proches témoignent à
Desiderio Arenas une grande reconnaissance, pour la stature de son œuvre, qui
reste parmi nous, et pour les généreuses valeurs communes qu’il a partagé avec ses
amis et camarades.
Suite à une veillée réalisée mercredi 24 août, sa dépouille
a été conduite au crématorium du cimetière Parc du Souvenir, à Santiago nord,
pour être incinérée jeudi 25 août à 15h00.